Le samedi 20 janvier 1934, sous les yeux sidérés des Carombais, un avion postal s’écrasait dans les collines de Caromb, non loin de la chapelle du Paty. Ses deux pilotes y trouvèrent la mort.
Sur la plaque commémorative, qui se trouve dans la chapelle, on peut lire : « La population carombaise conservera pieusement leur mémoire ».
Aujourd’hui, tout juste 90 ans après, ce voeu est honoré, puisque Caromb se souvient de cet épisode dramatique qui a durablement marqué son histoire.

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LE DÉROULEMENT DES ÉVÉNEMENTS

Samedi 20 janvier 1934

8h35 L’avion d’Air France, un Bréguet 280T Rapid Azur décolle de l’aéroport de Marignane avec, à son bord, le pilote Pierre Lefebvre du Preÿ et le radiotélégraphiste André Simon, plusieurs kilos de courrier postal et aucun passager.
C’est un vol régulier, qui doit faire escale à Lyon-Bron à 9h30 avant sa destination finale à l’aéroport du Bourget, près de Paris. Ce jour-là, les conditions météorologiques sont mauvaises, avec un fort mistral de face contre lequel l’avion devra lutter et qui le ralentira.
Son décollage est autorisé, mais dès le départ, on prévoit un retard de 30 minutes pour son arrivée à Lyon.

9h20 L’avion franchit sans encombre les monts de Vaucluse et passe à l’aplomb de Carpentras.
Son dernier message radio dit : « Tout va bien à bord ».
Il vole néanmoins très bas et sa lutte contre les bourrasques de vent fait un tel bruit qu’elle effraie les habitants témoins de son passage, qui la qualifieront ensuite de vacarme prémonitoire.

9h30 L’avion rase les collines du Paty, à 800 mètres à l’est de la chapelle, au niveau de la Grand Combe, mais il peine à franchir la crête.
Un coup de vent violent le retourne brusquement et le plaque au sol. Il prend feu instantanément.
Les chasseurs Bonnaventure et Roure sont les premiers sur les lieux et donnent l’alerte, bientôt rejoints par le maire Alfred Gérin, son adjoint Abel Bourguignon (qui deviendra maire l’année suivante), le docteur Bigonnet, le curé Lointier, et un grand nombre d’habitants venus constater les dégâts.
La mairie prévient la sous-préfecture de Carpentras et la gendarmerie de Mormoiron. M. Max Martin, le sous-préfet et M. Martineaud lieutenant de gendarmerie arrivent peu après.
La gendarmerie prévient M. Jacquot, directeur de l’aéroport de Marignane, qui décide immédiatement de venir à Caromb avec son automobile. Il donne l’ordre de ne rien toucher avant son arrivée.

14h15 M. Mathieu le procureur de la République et M. Audibert, son substitut, du Parquet de Carpentras ainsi que M. Dumas, commandant de gendarmerie, les rejoignent sur place pour les constatations légales et l’enquête qui doit établir la cause de l’accident.

16h30 On ramène les deux corps à la mairie (actuelle médiathèque) où la salle des mariages est transformée en chapelle ardente.
Les murs ont été tendus d’étoffe noire, des cierges et des plantes ont été apportés de l’église et on a fait venir en urgence deux cercueils de Carpentras.

Durant toute la soirée, la foule des Carombais défile ensuite en silence devant les dépouilles.

Toute la nuit, les hommes se relaient pour veiller les défunts, tandis que des gendarmes


Dimanche 21 janvier 1934

7h26 le Rapide de Paris arrive en gare d’Avignon avec à son bord M. Charles Delesalle, sous-secrétaire d’État au ministère de l’air et le capitaine François, son officier d’ordonnance, ainsi que le sénateur M. Edmond Lefebvre du Preÿ, accompagné de l’un des ses fils, avocat à la Cour d’appel de Paris.
À leur descente du train, ils sont accueillis par M. Brun, secrétaire général de la préfecture, M. Dumas, commandant de gendarmerie, M. Jacquot, directeur de l’aéroport de Marignane, M. Allègre, sous-directeur d’Air France (et ancien directeur d’Air Union).

9h15 Arrivés à Caromb, ils se regroupent en cortège avec les officiers, ingénieurs et mécaniciens venus de Marignane et se rendent à la mairie pour se recueillir sur les corps.
Des couronnes sont offertes par la municipalité et l’Aéro-club de Vaucluse et des bouquets de fleurs apportés par de nombreux habitants.

En milieu de matinée, ils se transportent sur les lieux de l’accident où il ne reste presque plus rien car les mécaniciens de Marignane ont, dès le lever du jour, enlevé les débris de l’appareil.

11h a lieu la levée des corps en présence d’une foule nombreuse et recueillie.

11h54 les cercueils sont chargés dans deux wagons spéciaux affrétés en gare de Carpentras et ajoutés au train à destination l’un de Paris et l’autre de La Rochelle, où auront lieu les obsèques.

Dans l’après-midi, un service religieux est célébré en l’église de Caromb en mémoire des deux victimes, au milieu d’une nombreuse assistance.


Vendredi 23 mars 1934

Une célébration commémorative est organisée par la municipalité, ainsi que par le diocèse à la chapelle Notre Dame du Paty. La foule est venue en nombre de Caromb et des villages alentours et se mêle aux officiels, élus, clergé et proches des deux victimes, auxquelles il est rendu un vibrant hommage. Une plaque de marbre en leur mémoire est apposée sur l’un des murs à l’intérieur de la chapelle. La messe est célébrée par l’abbé Brémond, le desservant du sanctuaire de Saint-Gens, en présence de Monseigneur de Liobet, archevêque d’Avignon, qui a tenu à être présent en personne accompagné de son chancelier, le chanoine Avril.
Les curés Lointier de Caromb et Amouroux du Barroux sont également co-célébrants. Jamais la petite chapelle n’avait reçu autant d’écclésiastiques aussi importants.
Les autorités laïques ne sont pas en reste : le maire Alfred Gérin est là, entouré du conseil municipal au grand complet.
Le monde de l’aviation est lui aussi bien représenté : ont fait le déplacement Messieurs d’Arozarena et Biroard, respectivement directeur commercial et directeur général des lignes Méditerranée d’Air France, Achille Naquet, président de l’Aéro-club de Vaucluse, M. Vissouze, président du club de vol-à-voile d’Avignon et plusieurs pilotes et mécaniciens d’Air France comme Cattlin et Lagerot, amis et collègues des deux victimes. La jeune veuve d’André Simon est également présente.